Sensibiliser par l’humour?

Article écrit par Frédérique Pris, dans La Presse

De plus en plus de personnes handicapées ont fait leur entrée dans le monde du cinéma ces dernières années. Parmi les grands succès, le film « Intouchables ». Serait-ce une des meilleures façons de sensibiliser la population sur la réalité, et les capacités (!), des personnes à mobilité réduite? L’humour a toujours bien servi, et il sert encore!

 

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Une scène d’Intouchables. Alliance Vivafilm

(Paris) Après le raz-de-marée du film français Intouchables, dont la vedette est un tétraplégique, un autre film, La famille Bélier, met en scène une famille de sourds : jadis cantonnés aux rôles de faire-valoir ou suscitant la pitié, les handicapés sont désormais les héros de comédies à succès, à la grande satisfaction des associations.

Sorti le 17 décembre en France, La famille Bélier, réalisé par Eric Lartigau, s’annonce comme le succès de l’hiver : dans une famille où tout le monde est sourd sauf Paula, 16 ans, cette dernière se découvre un don exceptionnel pour le chant et veut abandonner la ferme familiale pour préparer le concours de Radio France.

Depuis une dizaine d’années, plusieurs comédies (populaires, trash ou d’humour noir) s’appuient sur des personnages handicapés pour faire rire, non pas sur eux mais avec eux.

Dès 2003 aux États-Unis, les frères Farrelly, réalisateurs iconoclastes et provocateurs, construisent le scénario de Collé à toi autour de frères siamois, partis à la conquête de Hollywood. Prétexte à un jeu de massacre pour se moquer de la télévision, des sitcoms, de la célébrité et de l’usine à paillettes.

En France, Intouchables, sorti à l’automne 2011, immense succès public, «a été un vrai tournant», estime Eric Blanchet, directeur général de l’Association pour l’insertion des personnes handicapées (ADAPT).

«La présence de personnages handicapés dans des comédies, des films d’action, voire des films d’horreur, permet de sortir d’une vision misérabiliste», ajoute-t-il.

Dans le livre The cinema of isolation, le professeur Martin Norden, spécialiste de la question, liste les stéréotypes sur les handicapés véhiculés depuis ses débuts par le cinéma : le vengeur obsédé (Quasimodo, 1939), la victime innocente (Johnny Belinda, 1948), le personnage mi-sage mi-saint (Le coeur est un chasseur solitaire, 1968)…

Il a aussi été souvent représenté sous la forme du méchant, note Diane Maroger, présidente de l’association Retour d’image, consacrée au cinéma et au handicap, qui cite par exemple le paralytique nazi dans Docteur Folamour de Stanley Kubrick (1964).

Pendant longtemps, le handicapé qui suscitait le rire le faisait à ses dépens, avec par exemple le comique dit slapstick aux États-Unis, ajoute Diane Maroger. Exemple typique : un sourd reçoit un objet volant dans la figure car il n’a pas entendu les mises en garde de ses compagnons.

Ni des méchants ni des saints

Les nouvelles comédies, elles, manient la provocation, la transgression, l’humour noir, et abordent de front, et en riant, les sujets tabous tels que la sexualité des handicapés. Et ces derniers ne sont ni des méchants à moitié dingues, ni des saints acceptant leur sort le sourire aux lèvres.

Lire l’article complet de Frédérique Pris, publié le 25 décembre dans Le Soleil

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